Les attaques maritimes vues du Petit Bé
Mise à mal par les corsaires malouins, la flotte anglaise a une revanche à prendre sur Saint-Malo. Dans ce dessein, Guillaume III d’Orange imagine un stratagème diabolique, plus connu sous le nom de « machine infernale ». Préparé dans le plus grand secret dans les arsenaux anglais, ce navire de 84 pieds de long (environ 30 mètres) était gorgé de bombes, de munitions et de mitrailles. Jaugeant 300 tonneaux, il était doté d’un faible tirant d’eau pour mieux approcher du rivage.
Le jeudi 26 novembre 1693, un guetteur signala une flotte de douze vaisseaux ancrés près du fort de la Conchée. Vu qu’ils battaient pavillon français, on pensa donc à une flotte française en escale. Mais bientôt, une bombe siffla au-dessus de la cathédrale et l’on comprit tout de suite, mais trop tard, la ruse des « Angliches ». Pendant trois jours se succédèrent des bombardements, jusqu’au dimanche 29 Novembre 1693. Ce soir-là, alors que la canonnade avait cessé, une énorme explosion retentie dans cité corsaire. La fameuse machine infernale venait d’exploser, projetant sur la ville toutes sortes de projectiles. Heureusement pour les Malouins, elle s’échouat sur des rochers avant d’atteindre son but : la poudrière de la Tour Bidoine, sauvant ainsi la ville d’une destruction qui aurait pu être totale.
Si on se réfère à l’historien britannique Smollet qui indique que «les galiotes de sa nation souffrirent plus de dommages qu’elles n’en causèrent », les canons du Fort du Petit Bé désemparèrent la galiote HMS Dreadful qui s’échoua devant la ville. Quatre de ses canons furent récupérés, et armèrent la Tour des Ebihens.
Une seconde tentative menée en 1695 aboutit au même échec. Les forts furent achevés et une attaque par la mer devint impossible. La place de Saint-Malo devint imprenable, et cela pendant plus de 170 ans.