Vauban, l'architecte
Sébastien Le Prestre maréchal de Vauban est né en mai 1633 à Saint-Léger-de-Foucherets, dans le Morvan. Il commence sa carrière militaire au service du régiment de Condé, alors en rébellion contre la reine régente Anne d’Autriche et son Premier ministre, le cardinal Mazarin. Remarqué par ce dernier, il se rallie au jeune roi Louis XIV après l’arrestation de Louis de Bourbon dit le Grand Condé. Il a alors vingt ans.
De 1653 à 1659, Vauban prend part à quatorze sièges. Parallèlement à cela, il reçoit son brevet d’ingénieur du roi en 1655 à l’âge de 22 ans. Fort de son expérience dans l’armée, il s’impose comme théoricien de la fortification. Il pense notamment à privilégier le rôle du canon afin de sauver des vies humaines, et adapter ses constructions à l’environnement géographique.
Dès 1673, il fortifie le royaume qu’il nomme son « pré carré », tant sur les frontières maritimes que terrestres. Son génie militaire se confirme sur le terrain, et très rapidement il acquiert une notoriété certaine: « Une ville assiégée par Vauban est une ville prise. Une ville défendue par Vauban est une imprenable ».
C’est au Printemps 1689 que Vauban se rend à Saint-Malo et imagine le plan de défense tel que nous le voyons aujourd’hui. Dans un premier temps, il modernise les remparts et le château, et remplace les anciennes tours par des bastions. Dans un second temps, il imagine un plan de défense rapprochée qui intègre la géographie de la côte et les potentielles attaques maritimes qu’elle induit. En collaboration avec l’ingénieur Siméon de Garangeau (nommé directeur des fortifications de Haute Bretagne en 1691), il fait construire le Fort Royal sur le rocher de l’Islet (aujourd’hui Fort National), le Fort Harbour et le Fort du Petit Bé. Concernant ce dernier, Vauban le décrira comme « le meilleur de nos forts, et celui qui voit le mieux sur les passes ». En 1693, le Fort de la Conchée viendra compléter ce réseau de fortifications en interdisant le mouillage des flottes ennemies dans la fosse des Normands. Vauban va encore plus loin : il imagine un immense port reliant Saint-Malo à Saint-Servan par une digue et des écluses, créant ainsi un bassin à flot. Malheureusement, cet ambitieux projet ne verra jamais le jour.
La vie entière de Vauban est dévouée au service du roi Louis XIV. Dans une lettre à Chamillart datée du 16 Janvier 1706, il écrira d’ailleurs : « Le Roi me tenant lieu de toutes choses après Dieu, j’exécuterai toujours avec joie tout ce qui lui plaira de m’ordonner. Quand je saurai même y devoir perdre la vie ». Au final, il construit ou réaménage plus de trois cents forteresses et dirige plus de cinquante sièges, parcourant ainsi près de 4000 kilomètres par an. Nommé lieutenant général en 1688, il reçoit la dignité de maréchal de France le 14 janvier 1703.
Vauban rédigera de nombreux ouvrages, tant sur les questions militaires (Traité de l’attaque des places), que sur les questions de société du XVII siècle. Sur de nombreux sujets, il s’affiche comme un précurseur, notamment lorsqu’il propose un impôt équitable (la dîme), une monnaie européenne unique et s’oppose à la révocation de l’Edit de Nantes au nom de la liberté de conscience. Tous ses travaux de réflexions seront rassemblés en douze volumes baptisés avec humour les « Oisivetés ».
Épuisé par une bronchite chronique et son activité incessante, Vauban décède le 30 Mars 1707 à Paris. Son corps repose en l’église de Bazoches (Nièvre), près de son château. Sur décision de l’Empereur Napoléon, son coeur a été transporté à l’église du Dôme des Invalides le 28 Mai 1808.